NOS VALEURS

Demander à l’autre de faire de son mieux, c’est faire preuve d’une bienveillance exigeante. On croit au potentiel de nos auditeurs, parce qu’on les sait capable d’apprendre et parce que l’on est disposé à faire le maximum pour les aider à y parvenir. Notre bienveillance ne sera authentique que si elle s’accompagne de la confiance et du respect des personnes et des engagements.

Le respect est la reconnaissance de la valeur de l’autre. Être exigeant vis-à-vis de nos apprenants, c’est leur montrer ce que l’on attend d’eux tout en leur montrant ce dont ils sont capable.

Ainsi, ceux dont on exige beaucoup, s’ils savent qu’on a confiance en eux, progresseront. Car avoir confiance est le secret d’une collaboration fructueuse.

Faire rimer bienveillance avec exigence !

« Je puis vouloir une éclipse, ou simplement un beau soleil qui sèche le grain, au lieu de cette tempête grondeuse et pleureuse ; je puis, à force de vouloir, espérer et croire enfin que les choses iront comme je veux; mais elles vont leur train. D’où je vois bien que ma prière est d’un nigaud. Mais quand il s’agit de mes frères les hommes, ou de mes sœurs les femmes, tout change. Ce que je crois finit souvent par être vrai. Si je me crois haï, je serai haï ; pour l’amour, de même. Si je crois que l’enfant que j’instruis est incapable d’apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours le rendra stupide ; au contraire, ma confiance et mon attente est comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme. Je prête, dites-vous, à la femme que j’aime, des vertus qu’elle n’a point ; mais si elle sait que je crois en elle, elle les aura. Plus ou moins ; mais il faut essayer; il faut croire. Le peuple, méprisé, est bientôt méprisable; estimez-le, il s’élèvera. La défiance a fait plus d’un voleur; une demi-confiance est comme une injure ; mais si je savais la donner toute, qui donc me tromperait ? Il faut donner d’abord. ».

Propos d’un normand, I, Gallimard, 1952, Propos CXX, pp. 226-228